in Dictionnaire de l’habitat et du logement.
Éditions Armand Colin ©2003.
pp. 27-30La notion d’appropriation véhicule deux idées dominantes. D’une part, celle d’adaptation de quelque chose à un usage défini ou à une destination précise ; d’autre part, celle, qui découle de la première, d’action visant à rendre propre quelque chose.
L’idée d’adaptation traduit un objectif d’harmonie entre une chose et l’usage auquel on la destine, un heureux appariement entre deux objets, deux actions ou entre un sujet et un objet. Elle traduit l’intention d’atteindre une certaine justesse dans l’action de modification de l’objet sur lequel s’exerce l’appropriation, justesse qui révèle une intelligence intime des qualités propres à cet objet et de ses potentialités.En ce sens, l’appropriation n’est possible qu’en relation à quelque chose qui peut être attribué et qui, en tant que tel, peut à la fois servir de support à l’intervention humaine et être possédé. La notion de propriété constitue ainsi une dimension importante de l’appropriation, avec cette particularité que cette notion tire son sens et sa légitimité, dans ce cas, non de l’existence d’un titre légal attestant la possession juridique d’un objet, mais de l’intervention judicieuse d’un sujet sur ce dernier. La propriété est ici d’ordre moral, psychologique et affectif. Indépendante de la propriété juridique, elle peut néanmoins se superposer à celle-ci, sans en constituer un préalable ni une conséquence nécessaire.
L’objectif de ce type de possession est précisément de rendre propre quelque chose, c’est-à-dire de l’adapter à soi et, ainsi, de transformer cette chose en un support de l’expression de soi. L’appropriation est ainsi à la fois une saisie de l’objet et une dynamique d’action sur le monde matériel et social dans une intention de construction du sujet.
Pour faire référence à cet article
Perla Serfaty-Garzon, “L’Appropriation”
in Dictionnaire de l’habitat et du logement.
Éditions Armand Colin ©2003. pp. 27-30